1984-1988 : Un atelier de custom, c'était un microcosme... Dès l'ouverture de Farigoulette il y a eu une génération spontanée : des personnes venues d'horizons très divers se sont cooptées dans une même passion, et sont devenues proches, comme une famille recomposée. C'était assez exaltant de se sentir capitaine de ce vaisseau ivre, gourou de cette secte joyeuse, ouverte à bien des délires. C'était très motivant d'essayer chaque jour de les épater, en particulier avec les décos, parce qu'il n'était pas simple d'imaginer des dizaines de pièces originales chaque.mois ! Comme vous le verrez, beaucoup d'images sont médiocres, mais elles restituent des ambiances, qui ont nourri notre jeunesse. |
Une journée à Farigoulette |
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1989-1991 : Une refonte de l'organisation Tout ce qui est raconté dans cette rubrique "Ambiances" concerne la première période de Farigoulette, de 1984 à fin 1988, dans l'atelier de la Pioline. J'habitais dans cet atelier, qui me coûtait très cher, et les charges de personnel (j'ai eu jusqu'à 6 salariés) rendaient toute cette affaire très peu rentable... Fin 1988, ma fille Alice est née, il n'était plus question de vivre là, ni de continuer à déconner à ce point. J'ai donc aménagé un nouvel atelier-logement chemin de la Blaque, à un kilomètre à vol d'oiseau, mais en pleine campagne. J'en ai profité pour revoir radicalement l'organisation, j'ai viré tout le monde et je suis resté seul avec Didier Roy à mi-temps, qui m'aidait pour les stratifications et les insertions de boitiers. Le reste du temps, il naviguait, analysait le comportement des planches et faisait la promo. Toutes les 3 semaines, Olivier Schnerb venait de Collioure. En un week-end, nous faisions ensemble toutes les finitions, sur une trentaine de planches en moyenne : Dressage, glassage, état de surface, polissage, antidérapant. Le coût était parfaitement maîtrisé puisque Olivier travaillait au forfait : 500 Frs par planche. Souvent, venaient s'ajouter des planches pour Matos Paris, avec des shapes Jimmy Lewis ou Angulo qui voyagaient dans des caisses spéciales et repartaient terminées en 10 jours ! Une politique commerciale innovante Ce cycle de production sur 3 semaines s'est avéré très efficace pour produire des pièces uniques en petites séries, avec un délai de livraison de 15 à 20 jours. Avec les revendeurs, j'ai été pragmatique : au Salon Nautique, je leur fournissais un planning avec toutes les dates de livraison, qu'ils complétaient avec des quantités qui définisaient leur niveau de marge. En début de cycle, je les appelais tous pour obtenir les caractéristiques et les programmes d'utilisation des flotteurs pré-commandés. Les marges étaient réajustées en fonction du respect, ou non, des objectifs de pré-commande. Je passais alors les commandes fournisseurs et je commençais la production sur stock : shapes, décos les 2 premières semaines, stratifications et insertions la 3ème et finitions le dernier week-end. Le lundi, les planches étaient emballées, et partaient par transporteur le soir-même en France et en Europe grâce aux participations à l'ISPO de Munich. This is the end... Tout cela a pris fin en 1991, la guerre du Golfe, la mode qui passe, les planches de série enfin performantes grâce à Marco Copello (qui a ainsi tué la poule aux oeufs d'or) et aussi une certaine lassitude... Tout ce parcours d'autodidacte m'a donné des ouvertures sur le formidable potentiel de diversification que pouvait permettre cette ingéniosité technique, que j'ai eu envie d'appliquer à d'autres causes : le design et la création artistique. Comme shaper, j'avais fabriqué des milliers de planches, j'avais développé un réseau de revendeurs européens, je n'avais rien de plus à dire. J'ai donc décidé, pour la deuxième fois, de changer de vie.
Je n'ai, paradoxalement, aucune image de cette seconde période, et je regrette les focus que j'aurais pu restituer sur diverses avancées techniques. Depuis, je documente beaucoup plus grâce au numérique et je publie directement l'archivage. |